Livraison express de courses à Bordeaux : Flink voit l’avenir en rose mais voisins et mairie voient rouge (2024)

C’est ce qu’on appelle un dark store. Comme un supermarché, avec ses rayons et ses produits en tous genres: frais, secs, surgelés… Sauf qu’aucun client n’y met jamais les pieds. Au 67 de la rue Prunier, les employés de la start-up Flink préparent les commandes passées par les clients depuis une appli, qu’ils soient chez eux, au travail ou en tout autre point de la zone desservie. La promesse de ce service (qu’on appelle «quick commerce»): une livraison (par des employés en CDI et à vélo ou par des «indépendants» via Uber Eats) en moins de quarante minutes.

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C’est ce qu’on appelle un dark store. Comme un supermarché, avec ses rayons et ses produits en tous genres: frais, secs, surgelés… Sauf qu’aucun client n’y met jamais les pieds. Au 67 de la rue Prunier, les employés de la start-up Flink préparent les commandes passées par les clients depuis une appli, qu’ils soient chez eux, au travail ou en tout autre point de la zone desservie. La promesse de ce service (qu’on appelle «quick commerce»): une livraison (par des employés en CDI et à vélo ou par des «indépendants» via Uber Eats) en moins de quarante minutes.

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En 2021-2022, après l’épidémie de Covid, ce nouveau secteur d’activité a gonflé comme une bulle, avec des levées de fonds par centaines de millions d’euros à l’échelle internationale. C’était à qui prendrait le marché. À Bordeaux, les dark stores ont fleuri: aux Capucins (Cajoo), cours d’Albret (Gorillas), rue Pelleport (Frichti)… Mais la bulle a fini par exploser. Seul Flink a survécu. Non sans un changement d’actionnariat.

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«Nous avons repris cette activité au tribunal de commerce de Paris en septembre dernier et il est important de communiquer de façon positive sur ce secteur qui a beaucoup évolué ces derniers mois», expose Guillaume Luscan, directeur général de Flink, ancien de l’aventure Cajoo. «La livraison de courses connaît une croissance comprise entre 15 et 25%. Avec nos entrepôts dédiés, nous assurons un meilleur service aux clients, avec des taux d’erreurs moins importants que des magasins.»

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Il croit très fort dans l’avenir du modèle et a son idée pour l’assurer. Les clients: des personnes qui utilisent l’appli et le site Flink. Ou bien qui «shoppent» dans les magasins Flink et Carrefour de l’appli Uber Eats. Âge moyen: 20-40ans. «Les plus de 40ans ne représentent que 15%, précise le DG. Il y a plus de femmes que d’hommes, souvent avec des enfants» – pas le temps de faire des courses. Le prix moyen du panier va de 40 à 50euros. Le tarif de livraison dépend de la distance et du panier total. Elle est gratuite à partir de 50euros, monte au maximum à 4,99euros et s’établit en moyenne à 2euros. La zone de livraison est vaste: «De la rocade au nord à Bègles au sud.» Le tout avec 10 salariés en CDI (trois managers, deux préparateurs et cinq livreurs).

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«Aujourd’hui, on prépare entre 1500et 2000 commandes par semaine», poursuit Guillaume Luscan. Son ambition est de travailler à raccourcir les délais – «au-dessus de quarante-cinq minutes, les gens font leurs courses eux-mêmes» –, mais aussi à augmenter le nombre de références disponibles (objectif: 4000), mettre les marques en avant et proposer des promotions «pour fidéliser».

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Guillaume Luscan a beau «vendre» son affaire avec conviction, certains n’achètent pas: les voisins direct de l’entrepôt, pour commencer. Rémi Vignau, le responsable du site, assure pourtant que des réponses ont été apportées aux principaux griefs: «Nous avons retardé nos livraisons par les camions Carrefour à 8 heures du matin pour qu’ils ne bloquent pas la rue l’heure du départ au travail des riverains. Nous sommes passés en «zone blanche» pour que les livreurs Uber ne puissent plus recevoir de commandes sur leur téléphone s’ils sont dans un rayon de moins de 500 mètres; ils ne s’attroupent donc plus devant chez nous. Nous avons même coupé la clim dont le bruit dérangeait certains. Cela a apaisé les choses.»

«Pas apaisés»

«Nous ne sommes absolument pas apaisés, conteste Laurent, un voisin. Des livreurs Uber continuent de remonter la rue en sens interdit, nous faisant craindre pour la vie de nos enfants. Lors des pics d’activités, entre 18 et 20 heures, des scooters voire des voitures de livreurs Uber stationnent en pleine rue, moteur tournant. Et les camions ont beau passer plus tard, ils n’en bloquent pas moins la circulation.»

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Vent debout depuis l’arrivé du darkstore, les voisins restent sur le même créneau que fin 2022: «Flink doit partir. Il n’a rien à faire là, dans une rue tranquille à sens unique, avec un entrepôt sur une parcelle dont les documents d’urbanisme disent qu’elle est destinée à un local commercial. Le maire avait promis que le problème serait réglé en 2023, nous nous sentons abandonnés.»

«La ville a mis Flink en demeure de restituer la destination initiale du localsous astreinte de 200euros par jour»

Sandrine Jacotot, l’adjointe au maire en charge du commerce, dit «avoir conscience de leur impatience » : « Si je ne suis pas revenue vers eux plus tôt, c’est que nous attendions que les choses soient bien ficelées au niveau de la procédure pour ne pas avoir à la reprendre au début.» En effet, après son changement de mains, Flink est devenu New Flink en septembre. La Ville a donc dû attendre pour «mettre la société en demeure de restituer la destination initiale du local». En clair, de cesser son activité de dark store, légalement considéré comme un entrepôt, «sur cette parcelle à destination commerciale au sens de l’urbanisme». Le tout assorti d’une astreinte de 200euros par jour.

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Le 5décembre, la Ville est montée d’un cran en prenant un arrêté de recouvrement de ces astreintes. «Il est du devoir des collectivités de se montrer réactives face à un acteur qui tente de gagner du temps et fragilise notre tissu économique local. Le laisser rester serait un mauvais signe», estime l’élue, qui lance par ailleurs un appel aux clients à «réfléchir à leur façon de consommer».

Prêts à déménager si…

Guillaume Luscan n’a pas du tout la même lecture des documents d’urbanisme. «Nous sommes en règle. Les éléments dont nous disposons montrent que ce local est, d’origine, un entrepôt. C’est aussi l’analyse de notre propriétaire bailleur.»

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Il reconnaît, en revanche, que «la situation n’est pas idéale pour les voisins. On est en train de chercher un autre entrepôt. Nous avons fait passer le message à la mairie de nous signaler si elle avait en tête un site plus adapté. Elle ne nous a jamais répondu. Si oui, on le fera volontiers.»

Livraison express de courses à Bordeaux: Flink voit l’avenir en rose mais voisins et mairie voient rouge (10)

Le DG a visiblement du mal à communiquer avec la Ville. «Je ne pense pas que c’est un sujet qui doit être réglé dans la presse, mais je m’étonne de certaines réactions. Il y a toujours eu de nouvelles formes de commerce. Il y a une demande qui vient du marché. La génération Z [née entre 1995 et 2010, NDLR] consomme trois fois plus que la génération Y [née entre 1980 et 1995] par livraison express, qui représente 40% de ses achats.» Ce sont ces jeunes que Sandrine Jacotot devra persuader de «consommer autrement».

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